Editorial («4»-6): De la normalité de la crise


La normalité de la crise…

Hiérarchiquement multidimensionnelle, la crise du capitalisme l’est [QI « Convergence des crises, dominée par la pandémie covid-19 »]. L’explosion de l’épidémie qui mène actuellement la danse de la crise s’avère aussi l’occasion pour « légitimer » toute une série de politiques, surtout de restriction des libertés et des droits, de désorientation idéologique, de destructuration économique.

L’UE elle-même en est emblématique : les plans de gestion économique de la pandémie, « en l’absence d’une politique fiscale ou de la remise en cause des dettes », visent l’augmentation mutuelle « des dettes de la période suivante » qui vont « se traduire demain en réductions budgétaires et en marchandisation du commun, en précarité des droits du travail, en intensification du travail et en inégalité sociale » [Daniel Albarracín « Capitalisme/Union européenne: La crise déclenchée par la pandémie et l’économie politique de l’UE »].

La pression sur la société augmente et passe souvent par la construction des cannibalismes « concurrentiels », comme c’est le cas en Méditerranée orientale [Y.Felekis « Grèce, Chypre et Turquie : l’ennemi se trouve dans les banques et les ministères ! » & T.Anastassiadis « Turquie et Grèce: Une fois encore au bord du gouffre guerrier »].

Mais nécessairement augmentent aussi les réactions, qui acquièrent parfois des dimensions radicales et même insurrectionnelles, comme en Biélorussie [QI : « Soutien total aux mobilisations contre l’autocratie de Loukachenko ! »], et qui arrivent jusqu’à d’impressionnantes victoires -quoique éventuellement provisoires [QI : «Les femmes et les jeunes ont commencé une révolution culturelle en Pologne »].

Même des victoires plus modestes [Y.Felekis « L’Aube Dorée en prison – la peste brune toujours en liberté »] peuvent être internationalement encourageantes, mais le soubresaut de la violence capitaliste s’intensifie : c’est que la « crise » est la façon révolutionnaire du capitalisme pour se revivifier. On le voit par l’avalanche de contre-réformes avec laquelle la libéral-populiste Nouvelle-Démocratie, dès son accès au gouvernement l’année dernière, a soutenu le capital et attaqué structurellement le travail. Le besoin d’accentuer la répression a pour origine (et assure) ce « révolutionnarisme capitaliste ». Une réflexion-élaboration sur les nouveaux terrains d’attaque est nécessaire, comme sur l’introduction du télétravail et de la télé-éducation [Étudiants de Synantissi « Université et télé-éducation »].

Dans cette nouvelle phase, les classes subalternes livrent nécessairement des batailles, mais souvent leurs digues sont emportées par les attaques. Leurs instruments classiques, syndicats, partis, associations, etc., ne disposent pas de bastions garantis, ni de bases stables : il leur faut se réorganiser, se recomposer, à la mesure des recompositions sociales de notre classe. Pour cela, les couches réellement larges de militants, dans les divers fronts, doivent retrouver la boussole de la composition dont a tellement besoin la classe. Et ce n’est pas un besoin « national », mais international [Christos Ionas «France : Jihadisme et fascisme, des prétextes de Macron contre les libertés et la justice sociale »].

Un « projet pour la société future » est aussi programmatiquement nécessaire [QI : « Notre projet de société future – remarques de la commission LGBTIQ »]. Mais il s’agit tout autant d’une question politique, stratégique, même tactique, celle de repérer les conditions d’unification de la classe, et de tous les opprimés, internationalement. Leur front unique n’est pas une question organisationnelle, mais essentiellement politique : on le voit y compris dans la lutte pour se débarrasser de (n’importe lequel) gouvernement du capital -surtout l’actuel ! Mais il a aussi un aspect organisationnel.

… et nos tâches

Aux efforts prometteurs d’élaboration programmatique, de mise en réseau quant au programme, à la politique, à l’organisation, à la recomposition, au moins en Grèce, mais aussi au-delà, nous, « tendance programmatique Quatrième Internationale », nous voulons contribuer à la hauteur de nos forces. Les difficultés, les hauts et les bas, de toutes ces années de « crise », nous ont tous traversés, mais il ne faut pas nous laisser piéger dans les diverses impasses d’une auto-justification idéologique, loin de la réalité de la lutte des classes -comme malheureusement l’ont connu des rassemblements comme LAE-Unité Populaire (avec laquelle nous étions en désaccord) ou comme ANTARSYA, à laquelle nous participions et avec laquelle nous n’avons jamais rompu.

C’est avec plus d’audace que Synantissi, organisation dans laquelle nous nous sommes trouvés au début comme « observateurs », a acté quant à elle sa propre avancée, comme entité, et à ce projet, il nous est devenu indispensable de nous y intégrer nous aussi. Nous n’avons pas de solutions toutes prêtes sur les diverses questions en jeu, mais entre camarades nous pouvons les chercher ensemble [D.Papazacharias « 2ème Conférence de Synantissi : Une tête de pont d’optimisme pour l’avenir »].

Nous avons l’avantage d’une Internationale qui peut nous aider, tant comme concentration de mémoire et d’expérience stratégique que, plus immédiatement, comme réseau international actuel et utile [I.Hadjiemanouil « Sur le 8e séminaire international LGBTIQ »]. Cela vaut aussi dans l’autre sens : l’expérience de ruptures, de recherches et de recompositions successives, qui ont marqué notre pays, peut contribuer à la même élaboration internationale. Sans accords ou préconditions artificielles, mais aussi sans méfiance mal venue entre camarades, notre présence au sein de Synantissi a pour ambition de contribuer à cette construction stratégique, politique, de force, d’élaboration, dont nous avons tous tant besoin.

Le Comité de rédaction de « 4 »

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