Synantissi: Une tête de pont d’optimisme pour l’avenir

2nd Conference of SYNANTISI

[Dimitris Papazacharias -membre de la Coordination de Synantissi- fait une appréciation de sa 2e conférence –revue «4» numéro 6]

2ème Conférence de Synantissi / Rencontre pour une gauche anticapitaliste et internationaliste :

Une tête de pont d’optimisme pour l’avenir

Ce à quoi nous avons été sûrement habitués, en cette dernière décennie, c’est à des conjonctures fort chargées. Pour autant, la densité et le caractère critique de la conjoncture que nous traversons éclipse de manière spectaculaire tout autre point de la concurrence sociale, au moins pour les 5 dernières années. La pandémie du Covid 19, fait sans précédent pour les sociétés contemporaines « développées », croise la crise capitaliste qui, après avoir éclaté il y a 12 ans, a dépassé le stade de la simple menace. Cette pandémie a fait plonger vers le pire l’économie « post-memorandums » et la normalité sociale de la période antérieure. Et cela sur fond de crise climatique en croissance continue et plus généralement de crise environnementale, et le fait de l’écarter du cœur du débat public favorise son évolution vers le pire.

À tout ceci il faut bien sûr ajouter la politique du pire gouvernement depuis 1974, avec ses fortes caractéristiques d’extrême droite : la gestion brutalement néolibérale de la pandémie, dans les domaines de la santé et de l’éducation, recoupe l’intensité de la répression -aussi bien sur le plan juridique que dans les actes arbitraires et jamais vus encore de la part de la police-, mais aussi la gestion inhumaine des réfugié-e-s, la désignation de l’Église orthodoxe au titre de régulateur privilégié de l’agenda gouvernemental, sans oublier bien sûr l’entretien d’un climat nationaliste et militariste ayant comme objet et comme objectif de « cultiver » les différends gréco-turcs. Dans le même temps, il est impossible de laisser de côté le paysage des médias systémiques dont l’orientation progouvernementale étouffe et provoque, ainsi que l’opposition très faible -jusqu’à être consensuelle dans certains secteurs- menée par Syriza et par KINAL (ex-Pasok), mais aussi le niveau « historiquement bas » où se trouve la gauche radicale et anticapitaliste.

Voilà les conditions dans lesquelles a eu lieu la 2ème conférence de Synantissi, avec devant elle les objectifs et défis suivants :

D’abord, articuler une analyse montrant l’interdépendance des questions de santé et de la crise capitaliste et environnementale. La pandémie peut avoir constitué le détonateur de la nouvelle spirale de récession du capitalisme mondial, il n’empêche que les causes plus profondes de la crise capitaliste sont structurelles. C’est bien aux causes structurelles du capitalisme qu’est dû la crise climatique et non pas pour des raisons générales et indéterminées de l’activité humaine. Et cette crise climatique à son tour fonctionne comme multiplicatrice des inégalités et des exclusions sociales que produit le capitalisme.

Ensuite, élaborer une hiérarchie élémentaire des fronts d’intervention pour la prochaine période, basée sur une prévision à court et moyen terme des développements à venir. L’aggravation de la pandémie -elle progresse déjà de manière exponentielle- et l’expansion de la pauvreté seront les principaux problèmes des prochains mois. Les réactions sociales que provoque la réponse du pouvoir très insuffisante -proche du seuil d’indifférence- dans les domaines en question rencontrent de nouveaux cas de répression. Les arrestations et gardes à vue infondées lors des mobilisations des collégien-ne-s et lycéen-ne-s sont un instantané d’un choix stratégique du gouvernement. En conséquence, le renforcement des combats sociaux passe forcément par une meilleure organisation de la solidarité, de sorte qu’elle assure du soit pain et des produits de première nécessité ou une aide juridique à celles et ceux qui en ont besoin. Mais il passe aussi par la nécessité de tenir bien haut la tête levée face à la vague de conservatisme qui frise parfois l’obscurantisme : en effet, il ne peut pas y avoir de mouvement social de libération si ce qui est hégémonique, ce sont l’esprit anti-scientifique, le complotisme, le racisme et le « nationalisme » du type de l’après guerre civile [idéologie de l’État policier instauré après la guerre civile 1945-1949].

Troisièmement, insister sur la recherche de voies pour l’indispensable recomposition de la gauche anticapitaliste et radicale. Les tâches immenses entraînées par la triple crise évoquée ci-dessus, en lien avec un régime d’extrême droite de « mensonge organisé » formé par le gouvernement et les médias, ne peuvent être affrontées avec de simples additions ou, un peu mieux, une coordination de la gauche existante. Le morcellement et la diminution de cette gauche ne sont rien d’autre que les symptômes d’une cause plus profonde : depuis la défaite du « gouvernement de la gauche » en 2015, la gauche en Grèce n’a concrètement proposé aucun nouveau projet aux exploité-e-s. Et il faut vraiment souligner le terme de « nouveau ». En resservant le même plat, avec comme seule différence un gouvernement plus   « honnête », on repousse une série de questions cruciales, anciennes et nouvelles : celles de savoir ce qu’exige une rupture avec l’UE aux niveaux économique et géostratégique, ou comment la gauche résiste aux effets secondaires de la « lutte au sein de l’état », ou comment (et si) on s’oppose aux institutions bourgeoises, ou encore comment construire une économie démocratique et de non-croissance, comme semblent le commander les expériences bureaucratiques du passé mais aussi les grands dangers environnementaux désormais présents au seuil de notre époque. Sans réponses aux questions ci-dessus et à d’autres encore, ce qui reste de la gauche ne peut pas faire semblant de savoir ce qu’elle fait. Qu’elle n’arrive pas à convaincre, malgré les impasses de ceux d’en haut, n’est pas un hasard.

Assurément, la deuxième conférence de Synantissi ne constitue rien d’autre que les premiers pas dans cette direction. Pour autant, qu’elle ait consolidé cet axe et qu’elle renouvelle son intérêt pour un large processus en commun avec des groupes et des militant-e-s ayant les mêmes préoccupations, dans une période où la gauche « hors les murs » est frappée par une combinaison de démobilisations et d’auto-affirmations décadentes, ce fait est particulièrement important. Les résultats de la conférence, par ses procédures, avec la qualité des échanges, aa composition jeune, et la participation bien au-dessus de ce qu’on pouvait espérer de membres et d’observateurs/trices non membres, malgré sa tenue inédite en vidéoconférence, tout cela font de cette conférence un avant-pont satisfaisant et porteur d’optimisme sur la rive d’un avenir que beaucoup prévoyaient comme vain.

Dimitris Papazacharias

Coordination de Synantissi / Rencontre pour une gauche anticapitaliste et internationaliste

Revue «4» numéro 6 décembre 2020


[Για «4» τεύχος 6, περιεχόμενα, κλικ εδώ]


https://tpt4.org/?p=5340

There are 5 comments

  1. Editorial («4»-6): De la normalité de la crise | ΤΠΤ - "4"

    […] C’est avec plus d’audace que Synantissi, organisation dans laquelle nous nous sommes trouvés au début comme « observateurs », a acté quant à elle sa propre avancée, comme entité, et à ce projet, il nous est devenu indispensable de nous y intégrer nous aussi. Nous n’avons pas de solutions toutes prêtes sur les diverses questions en jeu, mais entre camarades nous pouvons les chercher ensemble [D.Papazacharias « 2ème Conférence de Synantissi : Une tête de pont d’optimisme pour l’avenir »]. […]

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